éloge de la saveur
Hangzhou
entre deux bâtisses étroites
par l’odeur alanguie
vos pas reviennent en arrière
un couloir encore plus étroit
une femme qui flambe une poêlée de légumes
elle semble surprise que vous entriez dans sa cantine
des habitués sont là et prennent leur pause
ils lèvent juste les yeux et poursuivent.
l’envie est trop forte de faire comme eux
et croiser fourchettes.
l’ami qui m’accompagne commande les plats
la dame est encore plus joyeuse qu’il y a un instant
et fait tinter sa cuisine
ici est le pourpre de l’auberge
à chaque porte sa surprise
cet interstice
que l’œil agile repère
pour ne pas dire ses regrets à l’existence
de l’avoir empressé à passer
offrit ce jour-là le meilleur repas du monde
de la plus joyeuse cuisinière du monde
mélange saisissant de finesse en bouquet
qui continue en bouche l’irradiante longueur
à Lyon, dans les belles années de table
nous l’aurions appelé une « mère »
il est un sens de l’image qui me plait au dessus de tous les autres
une année plus tard quand je retrouvais cet endroit
d’une photo, je contais à la Dame,
toute la couleur de ma saveur